Herbe à la coupure, Reine des prés, Herbe aux charpentiers, Chasse-démons, Herbe aux goutteux… Autant de noms populaires très anciens pour désigner l’Achillée millefeuille, la Spirée, la Consoude officinale, le Millepertuis perforé et l’Egopode, et qui montrent l’importance accordée depuis la nuit des temps par les hommes aux plantes appelées aujourd’hui sauvages. Elles servent à soigner des maux aussi différents que les coupures, la fièvre, les fractures, la mélancolie ou la goutte.
Au Moyen-âge, en cas de maladie ou de blessure, les personnes aisées consultaient des médecins qui les soignaient avec des régimes contenant des épices rares, ou avec des remèdes complexes comme la Thériaque, qui comprenait plus de cent ingrédients.
La plupart des gens du peuple étaient cependant trop pauvres pour ces soins et faisaient appel à la charité et au savoir des moines, qui avaient coutume de soigner les malades avec des remèdes à base de plantes médicinales cultivées dans le jardin des couvents, les simples. Les familles se transmettaient oralement, de génération en génération, ces recettes bienfaisantes, faites de plantes sauvages ou cultivées.
Même le potager fournissait des remèdes efficaces : les oignons, aux propriétés antiseptiques et diurétiques, aussi employés contre les maux d’oreilles et les morsures, les feuilles de choux utilisés en compresses, et surtout l’ail, appelé "Thériaque du pauvre" pour ses nombreuses propriétés médicinales : hypotenseur, bactéricide, vermifuge, protecteur contre la peste… et les démons.
Grand connaisseur des herbes et de leur pouvoir, l’herboriste cueillait les plantes suivant un rituel précis, en accord avec les planètes du zodiaque. Après la récolte, il ou elle préparait les racines ou les parties aériennes des plantes, fleurs, feuilles, fruits ou graines, puis les employait fraîches, séchées ou conservées dans de l’huile, de la graisse ou de l’alcool.
Philtres d’amour ou de mort, herbes solaires guérisseuses de la St-Jean comme le millepertuis et la sauge, herbes magiques associées à des rituels plus sombres, remèdes pour les hommes ou leurs animaux, les préparations de l’herboriste étaient multiples. Respecté et craint, il jouait un rôle important dans la vie quotidienne des communautés médiévales.